jeudi 15 avril 2010

Hier soir, j'ai vu ... L'armée du crime

Réalisateur de Marius et Jeannette ou du Promeneur du Champ-de-mars, il est surprenant de voir Robert Guédiguian proposer un film historique certes, mais avec de l'action, un certain suspense et une telle galerie de personnages. Mais en y regardant de plus près, et au-delà de ses acteurs habituels (Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Ariane Ascaride), c'est bien d'un film du réalisateur de Gauche dont il s'agit. L'armée du crime raconte comment des immigrés communistes arméniens, italiens ou juifs, tous réunis autour du charismatique Missak Manouchian (Simon Abkarian), ont monté le réseau FTP-MOI ou Armée du crime, destiné à mettre à mal l'occupation allemande à Paris par des attentats ou autres coups d'éclats retentissants. Cette histoire vraie bien que ne respectant pas tout à fait la chronologie des faits (dixit Guédiguian) est intéressante à plus d'un titre. On y découvre cette police française à la solde des SS enfermer et trahir les siens (la rafle du Vel d'hiv en filigrane) jusqu'à pratiquer la torture, un allemand ébahit devant tant de violence déclarant : "nous avons encore beaucoup à apprendre de vos méthodes". La violence des résistants est donc compréhensible devant tant d'injustice et d'autant plus incroyable qu'elle est menée par des immigrés arrivés sur un sol hostile. Ces minorités courageuses sont donc mises au 1er plan par Guédiguian à travers des valeurs propres au réalisateur : communisme, rejet des totalitarismes, humanité. On pense beaucoup à L'armée des ombres (Jean-Pierre Melville, 1969) pour ses sujets communs (résistance, torture). A noter, qu'un des jeunes militants polonais se nomme Henri Krasucki, échappant de peu aux camps de la mort (il deviendra dans les années 80, secrétaire général de la CGT).

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